Nous n'irons plus au bois , les lauriers sont coupés. Les Amours des bassins, les Naïades en groupe Voient reluire au soleil en cristaux découpés Les flots silencieux qui coulaient de leurs coupes.
Les lauriers sont coupés, et le cerf aux abois Tréssaille au son du cor ; nous n'irons plus au bois, Où des enfants joueurs riait, la folle troupe, Parmi les lys d'argent aux pleurs du ciel trempés;
Voici l'herbe qu'on fauche et les lauriers qu'on coupe. Nous n'irons plus aux bois , les lauriers sont coupés.
Le frais matin dorait de sa clarté premiére
La cime des bambous et des gérofliers.
Oh ! Les mille chansons des oiseaux familliers
Palpitant dans l'air rose et buvant la lumière.
Comme tu brillais, ô ma douce lumière,
Et tu chantais comme eux vers les cieux familliers !
A l'ombre des letchis et des gérofliers,
C'était toi que mon coeur contemplait la première.
Telle au jardin céleste, à l'aurore première,
La jeune Eve, sous les divins gérofliers,
Toute pareille encore aux anges familliers,
De ses yeux innocents répendait la lumière.
Des siécles ont passé, dans l'ombre ou la lumière,
Et je revois toujours mes astres familiers,
Les beaux yeux qu'autrefois sous nos gérofliers,
Le frais matin dorait de sa clarté première !
Et le disque tourne encore
Le morceau n’était pas fini,
Tu t’es enfui aux douze coups de minuit
Brisant tes chaussures de verres
Comme mon rêve
Que tu piétines,
Sans remords,
Qui crie si fort
Et tu ne l’entends pas.
Le cheval de bois galope encore sur le manège, Tout seul,
Et mes souvenirs
Des guirlandes électrique
Si loin,
Si vivaces,
Qui illuminaient tes yeux,
Tombent en panne dans le noir profond de mon cœur
Ce tartare de démons d’amour
Qui me persécute
A cause de ma fidélité pour toi.
Le drap,
Enlevé avant le petit matin
Le froid,
Qui en bon assassin
Ne retient pas la lame
Persévère jusqu’ au meurtre.
Je n’avais pas fini
J’avais tant d’amour à te donner
Tant de choses à te dire Tant de bonheur à partager
A tes yeux apparut, et grande, et blanche, et fière,
La dame au long profil. De ses plis opulents
La pourpre du velours drapait ses nobles flancs.
Sur sa taille élancée aux courbes onduleuses
Les lustres balançaient leurs gerbes lumineuses.
Parmi des fleurs, — l’abeille ainsi porte son dard, —
Brillait à son côté la nacre d’un poignard.
Un noir tissu coulant de sa tête étoilée,
Belle comme la nuit dans sa splendeur voilée,
Sur son col, sur ses bras, flottant à larges tours,
De sa divine épaule ombrageait les contours.
Dans ses cheveux de jais, boucles riches et fines,
Quelques fleurs de grenade aux touffes purpurines
S’ouvraient et, d’un teint mat relevant les pâleurs,
Empourpraient son beau front de leurs chaudes couleurs.
Ses longs yeux noirs — des yeux de Grecque ou d’Andalouse —
Lançaient l’humide éclat de leur flamme jalouse.
Un rire lumineux entre ses dents flottait ;
Un mol et vague arôme autour d’elle montait ;
Et, svelte comme un lys, et d’hommage enivrée,
Heureuse d’être belle et de tous admirée,
Elle allait et versait sur les groupes tremblants
L’ineffable langueur de ses regards troublants.
Et toi, seul, à l’écart, dans la nuit de ton âme
Sentant vivre et passer ton rêve en cette femme,
Pensif, tu recevais sur ton front attristé
Les éblouissements que dardait sa beauté.
Au dessus du berceau veillent les anges.
Nos regars attendris dévorent le tableau,
Nos mains d'impatience démange,
Petit enfant qui est le notre, tu es bien le plus beau.
Quand tes yeux étonnés découvriront de monde,
Toute la magie venue du fond des ondes,
Nous prendra nos vies, nos coeurs ...
Nous serons désormais, tout à toi, "Bonheur".
Quand tes lèvres, encor blanches de lait,
S'ouvriront pour un premier sourire,
Nos larmes coulerons de joie, de plaisir.
Et nos âmes s'uniront dans la félicité.
Que tu sois fille ou garçon,
Petit diable brun ou ange blond,
La fée d'amour t'a, déjà, donné le nom joli
Que tu garderas toute ta vie et c'est "chéri" !
Que des maux infinis en ce temps de vieillesse
Censurent et ces carences modèlent ma raison
J'aimais me promener où les biches abondent
En ces forêts d'Ardennes du pays de mon père
Où croît le muguet tendre à l'abri des ondes
Là, je rêvassais caché en mon humble repaire
J'aimais hanter les rues de villes mornes et tristes
Aller parfois goûter l'ambiance citadine
Me couler aux soleils de terrasses à touristes
Bercé par des rengaines diffusées en sourdine
Je me sentais alors un être omniprésent
L'heure est passée hélas je vis seul le présent
Aux vallons endormis la nuit glisse en silence.
Mes vieux pins sont drapés dans leurs sombres manteaux.
On n'entend plus monter le rythme des marteaux,
On ne voit plus la nef que la vague balance.
Une fauve lueur, comme un éclair de lance,
Embrase un coin du ciel, au-dessus des coteaux.
Les cimes ont de l'or dans leurs noirs chapiteaux.
Vers ces derniers rayons le vol des coeurs s'élance.
Et c'est le soir pour moi ! Loin mon joyeux matin,
Loin le midi de flamme où mon coeur libertin,
Martelé par l'amour, sonnait comme une enclume !
Mais au fond de mon âme où le soleil a lui,
Crépuscule nouveau qu'un souvenir allume,
Je vois un doux reflet de mon bonheur enfui.