Le bleu comme un clin d’œil, le silence qui doute,
Et le ciel étonné de sentir ta caresse,
La fièvre de ce jaune en ces rires qui gouttent,
Les murs de ta maison hésitants de paresse
Des blés et des corbeaux, des iris, une chaise,
Quelques laves de cœur où un pinceau frissonne,
Les étoiles enivrées qui souffrent sur leur braise,
L’autre côté de soi que la folie moissonne
L’écho de ce soleil lorsque ta main se pose
Et sa danse perdue au fond de tes pensées,
La flamme du cyprès sous le vent en hypnose,
Qui tond le poids de l’ombre à l’oreille coupée.
Tu étais là, debout en Arles la romaine,
En cette cour d’hospice où les fleurs te copiaient,
Peignant devant mes mots l’odeur de ce pollen
Que ne pouvait tracer la lumière humiliée.
Tout brulait sous tes doigts, l’alcool et la démence,
Tous ces malheurs qui aident à dépasser les cieux,
Que ne faut-il créer la nuit et ses souffrances
Pour que les astres vivent en nous à petits feux !
Ah Vincent mon ami, c’est au-delà des veines
Que les épouvantails nichent dans les oiseaux
Sur la toile du Temps, ta vie était la graine
Que ton sang mutilé semait sur les tableaux.
Vincent tu le savais du bout de tes essaims,
Au fil de la clarté, l’étincelle se noue,
Il n’est que dans la boue que l’œil voit le destin
Que la clarté déchire, et que le noir recoud.
Patrick CAUJOLLE
*
* *