Amours heureux ou malheureux,
Lourds regrets, satiété pire,
Yeux noirs veloutés, clairs yeux
bleus,
Aux regards qu'on ne peut pas dire,
Cheveux noyant le démêloir
Couleur d'or, d'ébène ou de cuivre,
J'ai voulu tout voir, tout avoir
Je me suis trop hâté de vivre.
Je suis las. Plus d'amour. Je veux
Vivre seul, pour moi seul d'écrire
Jusqu'à l'odeur de tes cheveux,
Jusqu'à l'éclair de ton sourire,
Dire ton royal nonchaloir,
T'évoquer entière en un livre
Pur et vrai comme ton miroir,
Je me suis trop hâté de vivre.
En tes bras j'espérais pouvoir
Attendre l'heure qui délivre ;
Tu m'as pris mon tour. Au revoir.
Je me suis trop hâté de vivre.
Charles CROS
Tu n'est pas née à Java,
Ni dans le froid de là Toundra,
Mais dans quelque grenier berrichon
Rempli de paille depuis moisson.
Dans ma maison, t'ai retrouvée,
Cadeau de la pauvre Moumonne
Morte de vieillesse l'an passé.
Toi, sur mes genoux tu ronronnes.
Tu es câline ...restant féline ...
Dans un sursaut d'hérédité,
Tu te casses, hérisse l'échine,
Tu te crisses et craches tel un haret.
Toutes griffes maintenant dehors,
De ton apathie tu sors ...
Tu t'élances tout à coup
Vers un inoffensif toutou !
Et malgré caresses ou menaces,
Rien ne retiendra l'instinct, la race,
Si un imprudant oisillon
Tombe du nid sur le balcon.
Sous ta dent il trouvera la mort.
En vraie tigresse sans aucun remord;
Tu me nargues et sous mes yeux tu oses,
Lisser ton museau de ta petite langue rose !
Marielle
( N° 17 du recueil "Animaux on vous aime")
Ils sont appuyés contre le
ciel
Ils sont une trentaine appuyés contre le ciel
Avec toute la vie derrière eux
Ils sont pleins d'étonnement pour leur épaule
Qui est un monument d'amour
Ils n'ont pas de recommandations à se faire
Parce qu'ils ne se quitteront jamais plus
L'un d'eux pense à un petit village
Où il allait à l'école
Un autre est assis à sa table
Et ses amis tiennent ses mains
Ils ne sont déjà plus du pays dont ils rêvent
Ils sont bien au-dessus de ces hommes
Qui les regardent mourir
Il y a entre eux la différence du martyre
Parce que le vent est passé là où ils chantent
Et leur seul regret est que ceux
Qui vont les tuer n'entendent pas
Le bruit énorme des paroles
Ils sont exacts au rendez-vous
Ils sont même en avance sur les autres
Pourtant ils disent qu'ils ne sont pas des apôtres
Et que tout est simple
Et que la mort surtout est une chose simple
Puisque toute liberté se survit.
René-Guy CADOU
Partout, la nature
sourit, me parle de toi.
Aux champs ou bien au bois, ton souvenir est roi.
Une biche, un lapin traverse la clairière,
Leur silhoutte légère me raméne en arrière.
Maintenant entre nous il y a ce trait d'union ...
Au-delà de la vie, des larmes et des passions :
Retrouver le ciel bleu à travers le feuillage
Caresser de mes yeux, des grands arbres la cîme,
Et de la brise d'un soir, en traduire le message.
Lumière ou étoile, elle est là, trouant l'abîme,
L'amour que tu avais des choses et des êtres de Dieu,
Et que tu m'as laissé en gage ...pour nous deux !
Marielle
( Poème n°25 du recueil "Ma confidente, mon étoile" )
(Paul / Marcelle)
Ouvrez les yeux tournez autour
des yeux d’autrui des feux de joie
d’amour ou de mélancolie
des jeux d’autrui des feux de bois
des yeux des roses
des iris au bord des étangs
de rage ou de divination
des yeux des choses
du bois d’autrui des feux d’iris
des yeux des murs
des jeux des rois ouvrez les bois
tournez autour des feux d’autrui
de leurs étangs
de rage ou de mélancolie
plongez au fond des yeux des roses
iris d’autrui feux des étangs
ouvrez les murs autour des yeux
d’amour ou de divination
réchauffez-vous éclairez-vous
enivrez-vous aux rois des jeux
aux feux des choses
Michel Butor ( né en 1926)
Mandala, beau mandala porte-bonheur
Brille sur la toile pour chaque blogueur
Bleu, bleu mon rêve dans le ciel du Berry
Bleu, blanc, le cadeau en bleu de mon ami.
Danse beau mandala, blanc, bleu, devant mes yeux,
Apporte la joie, blanc, bleu dans le ciel bleu
Du bonheur en partage, blanc, bleu à tous les amis,
Beau mandala ami, blanc, bleu, tu me ravis.
Marielle
J'ai pour toi un lac quelque part au
monde
Un beau lac tout bleu
Comme un œil ouvert sur la nuit profonde
Un cristal frileux
Qui tremble à ton nom comme tremble feuille
À brise d'automne et chanson d'hiver
S'y mire le temps, s'y meurent et s'y cueillent
Mes jours à l'endroit, mes nuits à l'envers.
J'ai pour toi, très loin
Une promenade sur un sable doux
Des milliers de pas sans bruits, sans parade
Vers on ne sait où
Et les doigts du vent des saisons entières
Y ont dessiné comme sur nos fronts
Les vagues du jour fendues des croisières
Des beaux naufragés que nous y ferons.
J'ai pour toi défait
Mais refait sans cesse les mille châteaux
D'un nuage ami qui pour ma princesse
Se ferait bateau
Se ferait pommier, se ferait couronne
Se ferait panier plein de fruits vermeils
Et moi je serai celui qui te donne
La Terre et la Lune avec le soleil.
J'ai pour toi l'amour quelque part au monde
Ne le laisse pas se perdre à la ronde
Gilles Vigneault (poème chanté)
Ton Christ est juif
Tes chiffres sont arabes
Ton écriture est latine
Ta pizza est italienne
Ta démocratie est grecque
Ta voiture est japonaise
L'anis de ton pastis est égyptien
Ton essence est moyen-orientale
Ta télé est coréenne
Tes fringues sont chinoises
Ton hamburger est allemand
Ton whisky est écossais
Ton thé est indien
Ton café est brésilien
Ta choucroute est chinoise
Ton shit est marocain
Tes capotes sont anglaises
Ton chocolat est suisse
Ton coca est américain
Tes frites sont belges
Tes vacances sont espagnoles
Ton sucre est martiniquais
Et tu reproches à ton voisin d'être un étranger
J. BEAUCARNE (poète belge) et Marina MISSIER
Publié dans"Le recueil du coeur 1"et sont en vente au seul profit d'association oeuvrant
dans le domaine du handicap.
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